Irréductible, Tome 1

Irréductible, Tome 1

Chapitre 4

Chapitre 4

En me rendant à la réunion avec Tullia, je ne peux m’empêcher de regarder tout autour de moi dans l’espoir de repérer mes frères, même si les chances de les apercevoir sont maigres. Dès mon entrée dans la salle, tous les regards sont braqués sur moi. Je n’en connais pas la cause. Peut-être sont-ils au courant pour mes frères, ou peut-être ont-ils encore de la pitié pour la mort de mes parents ? Comme à chaque fois, je m’assieds aux côtés de Wil, il me sourit. Cela fait maintenant quatre jours que l’on ne s’est pas retrouvés seul à seul. Nous nous sommes déjà éloignés durant un mois entier, mais un mois ou quatre jours ne font aucune différence. Il me manque…

 

- Bonjour tout le monde, commence-t-il d’une voix forte. Je viens vous remonter le moral ! Je sais que certaines personnes commencent à baisser les bras, désespèrent, voir abandonnent, décidant que nous avons perdu d’avance ! Mais j’ai une bonne nouvelle pour vous tous. Nous pouvons encore nous battre, pour récupérer notre dimension !

 

Tout le monde semble avoir retrouvé le moral. Un grand « Oui ! » se fait entendre, les poings sont levés, le mien y compris. Wilfrid lève la main sèchement, ce qui a le don de calmer toute nos troupes. Je me demande ce que l’on ressent devant une telle soumission…

 

- Hier soir, Aysun ici présente (il me désigne) m‘a informé de la survie de ses frères, dont Hermond Aysun, qui a découvert une arme anti-Inter. Nous devons le retrouver !

 

Je m’agite, mal à l’aise. Devoir retrouver mon frère uniquement pour ce qu’il sait me dérange, mais je sais que Wil doit être impartial pour ne pas montrer ses sentiments.

 

- Bien, bien, dit-il pour dissiper l’agitation. J’ai une autre bonne nouvelle. J’ai un plan d’attaque parfait et infaillible.

 

J’ai cru qu’il allait parler de Tyson.

Wilfrid déplie une carte de France sur la table et continue :

 

- Après avoir trouvé Hermond, il restera tout de même un problème…

- Un détecteur a réussi à repérer l’arme.

 

Je n’ai pas pu me retenir.

 

- Tout à fait Aysun. J’ai bien réfléchis, et comme vous le savez, toutes les grandes villes sont sous le contrôle des Leaders, et toutes les campagnes sont en cendre, plus personne ne vit dans ces endroits.

 

Je n’ai quitté Paris qu’une seule fois, lors d’une sortie scolaire et je dois dire qu’effectivement, tout est détruit. Il n’y a que des trous profonds à cause des bombes, des cadavres et des maisons inhabitables.

 

- Si nous arrivons à s’échapper de la ville et si nous nous éloignons suffisamment, les radars ne nous repérerons pas. Je ne pense pas que les Inters surveillent tous le territoire.

- Sortir d’ici est impossible, intervient un homme qui frise la trentaine.

Il est vrai que les frontières de Paris sont extrêmement bien gardées, il y a une masse considérable d’I.S et un gigantesque mur électrique.

- Difficile, certes. Mais pas impossible, répond Wil. Nous ne sortirons pas tous ensemble, beaucoup ne passerons pas. Sachez qu’une fois sortie, nous ne pourrons rentrer qu’en cas de victoire donc réfléchissez bien avant de vous engager. Pensez-y au calme et je prendrai les volontaires dans deux jours. Mais avant tout cela, revenons à Hermond. Je pense que l’on va patrouiller dans toute la ville par groupe de deux maximums. Pas besoin de fouiller tous Paris, Hermond est loin d’être idiot, il est sûrement dans une excellente cachette.

 

Les recherches se mettent en place, mais je n’en fait pas partie. Je dois vite retourner chez Anya avant qu’elle ne remarque ma disparition (les Inters ont refusé ma demande, malgré mes supplications).

 

- Bonne nuit mon ange, me souffle discrètement Wil au moment où je me lève.

Je le regarde avec tendresse. Je veux qu’il comprenne que je l’aime. J’ai tellement envie de l’embrasser… Mais je me reprends, nous ne sommes pas seuls

Je lui lance un dernier regard avant de sortir avec discrétion. Je cours vers la sortie, traverse le parc et escalade le grillage. Je retombe de l’autre côté.

- Attends !

- Tullia ! dis-je à voix basse. Parle moins fort !

 

Je la vois courir à travers le grillage. Quelques secondes plus tard, elle retombe avec grâce à côté de moi.

 

- Excuse-moi, mais tu aurais pu m’attendre !

 

Non, je me serais sûrement ruée sur la bouche de mon grand amour. Mais bref, passons.

 

- Désolé. On y va ?

 

Elle grimace.

 

- En fait, je suis venue te dire que je rentre avec Max.

 

Max par-ci, Max par-là ! Il n’y en a que pour lui ! Mais je dois me comporter en adulte, mon attitude est immature.

C’est pour cela que j’affiche un grand sourire et lui dis :

 

- Pas de problème !

 

Je lui fais un signe de la main avant de partir. Je cours pour arriver au métro mais constate avec horreur que je l’ai raté, merde ! Je pousse un long et profond soupir, je vais devoir rentrer à pied. Je cours dans les rues abandonnées. Au bout d’un moment, je m’arrête pour reprendre mon souffle.

 

- Tu ne devrais pas traîner là, petite !

 

Je déglutis difficilement et sens l’arme de l’I.S dans mon dos.

Oh non.

 

- Heu…oui, je…

- Ne cherche pas des excuses ! A genoux, les mains dans le dos !

 

J’hésite, je ne veux pas me faire dominer.

 

- TOUT DE SUITE ! beugle-t-il.

 

J’obéis finalement, la tête haute. Je suis parfaitement consciente que je suis seule face à un I.S armé, et qu’il pourrait appeler des renforts, voir un hélicoptère. Je commence à trembler.

 

- T’es une Rebelle ? me crache-t-il comme une insulte.

 

Oui, oui monsieur l’I.S, pouvez-vous me tuer, là tout de suite ?

Honnêtement, qui a déjà répondu oui ?

 

- Bien sûr que non !

 

Il n’a pas l’air convaincu.

 

- Peu importe, t’es dehors alors que c’est le couvre-feu ! C’est le même tarif !

 

Agé, il va te tuer ! Il faut que tu fuis ! Je réfléchie à toute allure, mais rien ne vient. En clair, je suis foutue. Heureusement que Tullia n’est pas venue au moins, sa vie sera sauve. Je prends une grande inspiration. Je ne pleurerai pas face à la mort !

J’entends un coup de feu mais je ne sens rien. J’ouvre un œil et constate avec surprise que je respire. Je suis en vie. Je me relève et me retourne. Le corps de l’I.S est étendu au sol, du sang coule le long de son visage. Mais ce qui me stupéfie le plus, c’est la personne qui se tient derrière.

 

- Tyson ? je demande timidement.

 

Il s’avance vers moi.

 

- Tu vas bien ?

 

Je regarde le corps.

 

- Il…il est mort ?

 

Il me dévisage, surpris.

 

- Oui, je ne pense pas qu’il puisse survivre à cette balle.

 

Je tremble.

 

- Mais…c’est un Inter.

 

Je regarde successivement son arme et son visage. Un petit revolver.

Qui a tué un Inter.

Je n’ai jamais vu un Inter mourir. Jamais. Je ressens une succession d’émotions, mais aucune n’est négative Il est mort, MORT ! Ils peuvent bel et bien mourir ! Je sers Tyson dans mes bras.

 

- Il est mort !

 

Mais prise dans mon élan, je réalise mon erreur Tyson est un Inter lui aussi. Je m’écarte brusquement pour observer sa réaction. Il sourit, alors que je suis heureuse qu’un des siens soit mort.

 

- Je pense qu’il est grand temps que je te ramène. rajoute-t-il avec un sourire.

 

Je hoche la tête et me dirige vers la voiture de mon sauveur, mais ce n’est pas la même que la dernière fois. Celle-ci est noire, on dirait un fourgon. Je préférais la grise. Je monte et attache ma ceinture, Tyson fait de même et je ne peux pas m’empêcher de penser à Wilfrid. Il démarre et nous roulons en silence jusqu’à l’appartement de ma sœur. Je repense aux évènements puis tout à coup, je me demande, pourquoi m’a-t-il sauvé ? J’étais hors-la-loi pourtant. Quelque chose cloche… Je le regarde fixement et il s’en rend compte.

 

- Pourquoi me regardes-tu ?

- Je ne comprends pas.

 

Il me regarde et souris.

 

- Et puis-je savoir pourquoi ?

 

Je ne réponds pas tout de suite et me concentre sur la route. Il fait de même. Je finis par lui dire :

 

- Tu le sais très bien.

 

C’est vrai, il doit forcément savoir. Mon évanouissement suspect, et maintenant ça.

 

- Oui en effet, je le sais.

- Tu vas me dénoncer.

 

Ce n’est certainement pas une question, mais cela semble amusant à ses yeux.

 

- Je viens de te sauver la vie, ce serait idiot de te mener vers une mort certaine juste après.

 

Nous sommes devant l’appartement, mais aucun de nous ne fais un geste.

 

- Nous sommes dans des camps adverses, tu le sais très bien. Alors pourquoi tu fais ça ?

 

Il ne répond pas (cela devient agaçant, cette manie de ne jamais répondre) et sors du véhicule pour m’ouvrir. Je descends et reste plantée devant lui, les poings sur les hanches.

 

- Tu vas rentrer comment sans te faire repérer par les caméras ?

 

Répondre à une question par une autre…Je connais moi aussi.

 

- Tu ferais comment toi ?

 

Il rit de nouveau.

 

- Je désactive le courant et je rentre en vitesse avant qu’il ne revienne.

- Et tu fais comment ?

- Avec le groupe magnétique caché sous une fausse plaque d’égout.

 

Je lui fais un clin d’œil. Il n’est pas très malin.

 

- Merci !

 

Il comprend qu’il s’est fait avoir. Je le salut moqueusement et me dirige vers la plaque que j’avais déjà repéré. Je la soulève avec difficulté et parviens au groupe magnétique. L’électricité a depuis longtemps été remplacée par le magnétisme. Le fonctionnement est très complexe, difficile de vraiment expliquer. Disons que deux ondes éloignées s’attirent tellement entre elles qu’elles produisent une sorte d’énergie.

Je place mon bracelet avec mon aimant par-dessus près du groupe. J’entends un petit bruit sec, je pense que c’est bon. L’énergie magnétique est très sensible. Je retourne rapidement vers la porte avant que le courant ne revienne. L’ascenseur ne marche évidemment plus, je cours donc vers les escaliers et les gravis un par un. Par chance, tout le monde dort, le couvre-feu a bien fait son travail. Je rentre discrètement dans l’appartement sans avoir besoin de montrer la clé magnétique. Je vais dans ma chambre et me dirige machinalement vers la fenêtre. Tyson et encore appuyé contre sa voiture et regarde ma fenêtre. Mon cœur s’accélère. Je me couche sans même lui adresser un signe. L’image de l’I.S surgit dans ma tête.

Et elle me réchauffe le cœur.

 

 



08/11/2014
39 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 31 autres membres