Prologue
Prologue
J’étais assise sur la chaise de mon bureau ce jour-là. Je me souviens avoir éprouvé des difficultés de concentration. Notre professeure nous avait demandé comme simple exercice de tracer des cercles sur une feuille blanche. Ce n’était pas très complexe mais je n’avais que quatre ans. L’alarme retentit tout d’un coup et bien qu’ayant appris l’attitude à adopter en cas d’attaque, je pouvais sentir mes membres trembler. Une voix informatique hurlait par-dessus le vacarme.
- Attention ! Attention ! Des soldats ennemis se sont introduits dans l’établissement ! Veuillez rester ou rejoindre vos classes respectives en attendant les soldats français ! Attention ! Attention ! Des soldats…
Mes camarades et moi-même nous cachâmes sous nos tables. Mme Madeleine ferma la porte à double tour. Dix minutes passèrent durant lesquelles nous entendîmes les horribles bruits venant de l’extérieur. Mon cœur tambourinait fort dans ma poitrine quand un bruit sourd résonna dans la pièce. Les soldats ennemis, appelés aussi Inters, avaient enfoncé la porte. Ils étaient trois, armés jusqu’au cou. Une voix beugla dans la pièce.
- Sortez immédiatement des tables !
Quelques élèves ressortir, l’air terrorisé. D’autres attendaient les instructions de notre institutrice. Mais tout le monde finit par s'avancer vers nos ennemis. Je fus la seule à rester cachée mais un Inter me vit et m’agrippa fermement par les cheveux. Je hurlais de toutes mes forces, en vain. Je vis les visages affolés de mes camarades quand le soldat leva son arme et la posa sur ma tête. Alors qu’il s’apprêtait à tirer, mon frère débarqua dans la salle de classe, accompagné de trois amis et d’Hermond. Rodrick jeta une bombe de fumée et mon tortionnaire me lâcha, surpris. Il se précipita vers moi et me hissa sur son dos. Il attrapa la main d’Hermond et courut hors de la classe. Par chance, nos soldats étaient arrivés, même si leurs efforts étaient vains, les balles n’ayant aucun effet sur les Inters. Nous courûmes à vive allure dans les longs couloirs. Un bruit retentit près de moi mais je n’y fis pas attention. Une fois dehors, je fus soulagée. Rodrick me prit dans ses bras et me regarda dans les yeux.
- Je suis très fier de toi Agénia, tu as été extrêmement courageuse. Tu arriveras à de grandes choses plus…
Les yeux de mon frère s’écarquillèrent. Du sang coula de sa bouche. Je le sentis s’affaisser lentement contre moi. Je reculais, ne supportant pas tant de poids et le vis s’effondrer à terre. Je le regardais, pendant quelques secondes, ne comprenant pas. Puis un déclic se fit dans ma tête. Je me mis brusquement à pleurer sur son corps en murmurant son prénom. Je le suppliais de rester avec moi, de me protéger. Quand je vis le trou rouge qu’il avait sur le côté droit, mes pleurs redoublèrent. Je vis un homme, le tueur sans aucun doute. Souriant de toutes ses dents, il partit tranquillement, sans se soucier d’avoir déchiré une famille entière. Je ne saurai jamais expliquer pourquoi il m’a épargné. Hermond me pris doucement par le bras et je vis que lui aussi avait une larme qui coulait sur sa joue. Il prit une arme sur le corps d’un de nos patriotes et m’emmena vers la rue. Nous nous remîmes à courir. Je tournais la tête: mon école s’éloignait de moi. Je ne savais pas où le corps de Rodrick finirait et à cette pensée, une boule se forma dans mon estomac. Hermond n’avait que six ans et avait déjà porté une arme. Je n’avais que quatre ans et j’avais déjà vu des cadavres. Rodrick n’avait que douze ans et était déjà mort
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